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04 juillet 2004

Prose et poésie, marche et danse

La marche comme la prose a toujours un objet précis. Elle est un acte dirigé vers quelque objet que notre but est de joindre. Ce sont des circonstances actuelles, la nature de l'objet, le besoin que j'en ai, l'impulsion de mon désir, l'état de mon corps, celui du terrain, qui ordonnent à la marche son allure, lui prescrivent sa direction, sa vitesse, et son terme fini'. Toutes les propriétés de la marche se déduisent de ces conditions instantanées et qui se combinent singulièrement dans chaque occasion, tellement qu'il n'y a pas deux déplacements de cette espèce qui soient identiques, qu'il y a chaque fois création spéciale, mais, chaque fois, abolie et comme absorbée dans l'acte accompli. La danse, c'est tout autre chose. Elle est, sans doute, un système d'actes, mais qui ont leur fin en eux-mêmes. Elle ne va nulle part. Que si' elle poursuit quelque chose, ce n'est qu'un objet idéal, un état, une volupté, un fantôme de fleur, ou quelque ravissement' de soi-même, un extrême de vie, une cime, un point suprême de l'être... Mais si différente qu'elle soit du mouvement utilitaire, notez cette remarque essentielle quoique infiniment simple, qu'elle use des mêmes membres, des mêmes organes, os, muscles, nerfs, que la marche même. Il en va exactement de même de la poésie qui use des mêmes mots, des mêmes formes, desmêmes timbres que la prose.


Paul Valéry, in Propos sur la poésie (1928), © Gallimard, 1957.

Pianoté par Anabates in Au fil des pages | Permalink

Commentaires

La prose marche et va dans une direction tandis que la poesie danse et va nulle part

Rédigé par : Niang | 5 mar 2018 22:42:34

Dissertation

Rédigé par : Niang | 5 mar 2018 22:41:18

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