07 mai 2006
La raison pour laquelle j'aimerais mon chien
On attribue à Aldous Huxley le propos suivant :
Pourtant, lorsque le chien me sort le soir, je n'éprouve pas ce sentiment de puissance. Je suis mon chien, voilà tout.
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28 août 2005
Une vie de Chien
À la fin de son séjour en Creuse, le Chien commence à boîter d'une patte antérieure. Une visite de courtoisie chez le vétérinaire est rapidement envisagée puis confirmée par téléphone.
Ladite visite tourne à l'affrontement : le Chien interprète mal l'intérêt du véto pour sa patte et tente de mordre le cuistre qui, par son examen, ajoute à la douleur ressentie : une muselière et deux assistantes plus tard, le véto, à bout de souffle, est en mesure de diagnostiquer un ergot cassé et annonce une opération sous anesthésie : une nouvelle et heureuse occasion de renforcer les liens déjà étroits que le Chien et vous-même entretenez avec ce cabinet. Du reste, tout le personnel de la clinique - et il est nombreux - appelle le Chien par son nom : une probable satisfaction pour le chien, une indication sans ambiguïté pour le maître que ce chien mène décidément grand train. Quand on aime...
De retour au domicile, doté d'une poupée des plus élégantes, le Chien frétille et accepte, trois jours plus tard, sans trop se faire prier, que les maîtres lui enlèvent la poupée.
Le lendemain, le Chien se remet à boîter de la même patte puis, pire encore, ne marche plus que sur les trois autres. S'ensuit un léger agacement du maître qui ne peut se retenir - c'est humain et cela soulage - de persifler sur les compétences du véto. La maîtresse, plus fine et plus sensible, retourne voir l'homme de l'art qui pâlit à la vue du Chien : une muselière et deux assistantes plus tard, le véto suggère un épillet coincé entre les coussinets et, bien sûr, une petite opération... Bien !
Les maîtres avaient été prévoyants. Une assurance avait été prise dès l'arrivée du Chien dans la famille. On le croira ou non, mais au retour de la deuxième opération, les maîtres trouvaient dans la boîte aux lettres un avis de recommandé qui s'avéra être une lettre de dénonciation du contrat d'assurance du Chien.
Comment va le Chien ? Franchement, il va bien. La clinique vétérinaire, dans un élan certainement unanime, a téléphoné pour avoir de ses nouvelles. Ceci dit, il conviendrait, maintenant, de prendre rendez-vous avec l'éleveur pour un toilettage d'automne. Ah, l'éleveur ! Une relation forte également, pour d'autres raisons...
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26 mai 2005
Bêtises canines
Edward Abbey 1927-1989
Oui, facile, mais pas faux. Par bonheur, il existe des comportementalistes qui rééduquent les maîtres des chiens en difficulté. Pardon ? Et je sais de quoi je parle ? Pfff... facile... mais pas faux...
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18 février 2005
Ode au chien
Le chien me demande
mais je ne réponds pas.
Il saute, court dans le champ
et me pose mille questions sans parler
ses yeux
sont deux questions humides
deux flammes liquides qui interrogent
mais je ne réponds pas
parce que je ne sais pas
Homme et chien
parcourant la campagne
Les feuilles brillent comme si quelqu’un les avait
embrassées une par une
les oranges jaillissent du sol
pour faire des petites planètes dans les arbres
rondes comme la nuit,
et vertes
chien et homme
nous allons par les parfums du monde
foulant le trèfle
la campagne du Chili
dans les doigts clairs de septembre.
Le chien s’arrête,
poursuit les abeilles
saute un ruisseau turbulent
écoute des lointains aboiements
pisse sur une pierre
et vient me porter le bout de son museau
à moi, comme un cadeau.
Dans sa douce fraîcheur
en me communiquant sa tendresse
il me demande des yeux
pourquoi le jour, pourquoi la nuit
pourquoi le printemps ne porte rien dans son panier
pour les chiens errants
sinon des fleurs inutiles
des fleurs, des fleurs, toujours des fleurs.
Voila ce que me demande le chien
voilà ce que je ne réponds pas.
Nous allons, homme et chien
dans cet immense matin vert
réunis par le vide exaltant de la solitude
où seuls nous existons
l’unité parfaite,
chien rosée et poète
car il n’y a pas d’oiseau caché sans trille
ni de fleur secrète sans arôme
pour deux compagnons
nous
dans ce monde humidifié par la nuit
distillation verte
prairie balayée par des rafales d’air orangé
le chuchotement des racines
la vie en cheminant, en respirant,
et l’amitié ancestrale
la chance
d’être chien, d’être homme
converti en un seul animal
à six pattes
la queue couverte de rosée
Pablo Neruda in "Navigaciones y Regresos" traduction d'Aaron
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07 novembre 2004
Canes cogitant... ergo sunt ?
Je sais que mon chien - notre chien - rêve la nuit et aboie à la poursuite de fantômatiques congénères. Je sais - nous savons - que Rush est capable de quelque chose qui ressemble à un ronronnement pour peu qu'on le "papouille" de manière éhontée.
Je sais depuis peu qu'il pense. Et cette photo en témoigne sans discussion possible. Ce chien est peut-être le seul sur la planète à le faire mais, face à la mer, il pense.
Tout soupçon serait mal avenu.
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16 janvier 2004
Vous avez le chien, nous avons le concours.
Il y avait long temps. Un long temps depuis le dernier concours où le chien était venu aérer ses moustaches. Depuis deux mois en fait. Depuis l'exposition de Strasbourg lors de laquelle lui et l'éleveur qui le présentait avaient obtenu le titre CACS. CACS ? Concept byzantin, inaccessible à la raison, du moins pour le propriétaire du chien qui, en cette matière, est un parfait béotien.
Mon rôle est simple : j'inscris le chien et le transporte là où je l'ai justement inscrit ; l'éleveur prend livraison du colis - colis quelque peu décontenancé -, assure la prestation - le colis comprend vite à qui il a affaire et file droit - , gagne le prix et me rend le tout : chien, coupe et titre. Facile pour le "maître", difficile pour l'éleveur et le chien ...
Il y avait longtemps donc. Et le concours à venir se tenait à Vincennes en bordure du parc floral. Ce parc remarquablement entretenu est administré par la Ville de Paris qui, prudemment, l'interdit... aux chiens ! Ce point de règlement a un effet énervant : vous arrivez à l'entrée du parc et êtes accueilli par un service d'ordre qui vous informe de l'obligation pour votre chien de faire le tour et d'entrer, deux kilomètres plus loin, par une porte dérobée donnant accès au hall d'exposition. Pendant que le chien fait le tour, vous avez naturellement la possibilité d'entrer dans le parc pour le rejoindre dans le hall. Ne cherchons pas qui est la bête dans cette triste histoire et tentons d'oublier la légèreté de la société organisatrice qui n'avait envoyé ni plan ni recommandation.
Deux kilomètres plus tard, après avoir remonté un trottoir boueux, vous trouvez ladite porte qui débouche judicieusement sur le parking des officiels. Rien que de bien naturel : les exposants, plébéiens, acquittent un droit de participation au concours et marchent dans la glèbe, les officiels, patriciens, sont invités et garent leur véhicule à l'entrée du hall d'exposition. Vous êtes très légèrement nerveux, le chien également.
Dans une cohue et un tohu-bohu infernaux, vous posez la cage du chien près du ring de jugement et vous apprêtez à attendre trois heures durant, les dix minutes de présentation du chien. Un rare moment de détente tout de même: le toilettage du chien par l'éleveur avec force laque et coups de brosse.
Quelques photos plus tard, nanti du ticket garantissant le titre, vous allez chercher votre coupe comme d'autres vont chercher le pain : un comptoir, quelques files d'attente et finalement une coupe sur laquelle n'est inscrite ni la date, ni la nature de l'exposition ni même la valeur du titre. Remercions sincèrement la société organisatrice qui nous offre ainsi l'occasion de montrer aux amis ébahis la coupe gagnée lors du championnat de France cycliste de 1977 : personne ne s'en souvient, vous êtes crédible.
Mais, au delà de ce propos désabusé, il y a les rencontres de fortune autour d'un ring. Les passionnés de chiens à moustache et d'autres chiens parfois étranges ont certes quelque chose de François Pignon ou de l'Hermagoras de La Bruyère mais ils ont aussi du coeur et je m'honore d'être, tant bien que mal, des leurs. Moins dupes de leur passion qu'on pourrait le croire, ils ont pour ces animaux une tendresse qui me fait dire, après George Stiner, grand amateur de Vieux Bergers Anglais : "Est en proie à la damnation celui qui maltraite un animal ou un enfant. C'est dans le regard de l'animal, comme dans la musique, que s'ouvrent les portes de l'infini".
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16 novembre 2002
Chien, pompons et café
Le chien et moi-même partons retrouver la femme de notre vie. Oh, j'entends d'ici les commentaires ironiques mais c'est un fait : nous partageons. La femme de notre vie est partie de bon matin se promener au parc. Elle a pris ses gants à pompons, mis ses chaussures rouges et emporté quelque menue monnaie. Elle a précisé qu'en nous attendant, elle irait au marché ce qui laisse augurer un ou deux achats aussi futiles que charmants et qui font d'elle une femme unique. C'est aussi l'indication que nous avons du temps devant nous.
Elle a mis en veille son portable et demandé que le chien ou moi l'appelions à notre arrivée afin de convenir du lieu de rencontre. Je l'imagine marchant de ce pas vif et décidé qui fait l'admiration des militaires en retraite qu'elle croise à cette heure matutinale dans les allées bordant le canal. Elle pense à mille choses toutes aussi importantes les unes que les autres et dont elle va promptement m'entretenir, tout à l'heure, dans le café. Moi et le chien écouterons attentivement, bercés par ses douces paroles au rythme régulier et ininterrompu. Le passant observateur remarquera donc un couple d'humains, elle parlant, lui rêvant et gratouillant négligemment un chien hirsute en extase. Bref, nous l'aimons...
Bien sûr, ce n'est pas toujours aussi simple et lorsque le soir, je découvre le chien nonchalamment et innocemment endormi auprès d'elle, je suis soudain de mauvais poil, voire d'une humeur de chien et m'interroge sur la quiddité du chef de meute. Mais j'ai tort : ni lui ni moi ne sommes le chef de meute et en tous cas, pas le matin.
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19 juin 2002
Concours régional
L'éleveur nous en parlait prudemment. Le chien prenait une mine déconfite devant nos propos dubitatifs. Bref, il était question de présenter Rush lors d'une exposition canine. Le principe est simple : un juge examine l'objet du concours, le compare à ses compagnons d'aventure et décide du meilleur. Du principe à l'action restait un long chemin que j'ai voulu arpenter longuement avant de me décider.
Accueillir un chien dans une famille est une chose, le présenter à un concours en est une autre. Comment se convaincre que les huit kilos de viande poilue qui vous regardent avec des yeux éperdus d'affection sont susceptibles, de surcroît, d'attendrir un juge de la Société Centrale Canine ? Il nous fallut donc du temps et à l'éleveur beaucoup de patience ; lui savait, nous pas... C'est ainsi que le chien et ses maîtres se retrouvèrent un dimanche, très tôt, en plein-air, en compagnie d'une centaine de chiens et de nombreux bipèdes. La météo était favorable pour un mois de mai : ni neige, ni grêle.
Et pourtant... grêle il y eut. On ne dira jamais assez le dévouement des bénévoles qui, dans les associations, donnent de leur temps et d'eux-mêmes pour que les choses soient faites et bien faites : le café chaud ne sort pas du néant : derrière la cafetière se trouve une personne qui, plus tôt encore que nous, est venue le préparer.
Principe de base dans un concours : savoir attendre. Et ce, pour une raison simple : deux juges sont présents pour étudier cent vingt chiens. Là encore, on ne peut qu'être admiratif devant le travail accompli par ces experts. Sans précipitation, donnant à chacun sa chance, ils examinent et font trotter chiens et maîtres tout au long de la journée.
Notre ruffian passe son premier jugement en milieu de journée. Toiletté par l'éleveur puis cantonné dans la voiture, il est en appétit... L'entrée dans le ring est tonique et très rase-motte : y a t-il quelque chose à manger par terre ? Le problème est que le juge aime examiner le chien dans une posture digne. La truffe dans l'herbe n'est donc pas le bon plan. L'éleveur veille : il en a vu d'autres. Il me confie une laisse fine qui a l'avantage d'étrangler au plus près des oreilles le rastaquouère lequel, surpris, n'a d'autre ressource que de lever la tête. Pendant ce temps, au bord du ring, la femme de l'éleveur agite une balle de tennis pour attirer le regard du fauve et l'inciter à se camper sur ses pattes. Bref, Rush est classé 1er de sa catégorie. A ce stade de la compétition, les maîtres sont satisfaits : il n'a plu que pendant deux heures, le chien a gagné son concours et va recevoir un certificat convoité : la confirmation.
Sur les trois points, l'analyse est faible et c'est regrettable : il va bientôt grêler, ce concours n'est que le premier de la journée et nous avons oublié les papiers officiels nécessaires pour l'obtention de la confirmation. Quelques heures plus tard, après avoir essuyé une tornade, vu défiler plus de schnauzers que nous n'en verrons jamais, félicité d'innombrables propriétaires - notamment la « maman » de Rosalie - , nous sommes invités à concourir pour le « meilleur de race ». Rush était le meilleur des schnauzers nains, mâles, noirs. Est-il le meilleur de tous les schnauzers nains présents ? Il l'est... La situation est embarrassante : au bout de la laisse, se pavane un animal qui semble faire l'objet d'une considération à laquelle nous n'aurons jamais droit. Il en a parfaitement conscience le bougre. Plus question de chercher une vile nourriture dans l'herbe : la posture est parfaite, dominatrice. Il est temps de rentrer et de ramener le lauréat à de meilleurs sentiments.
Oui, il eût été temps de rentrer mais ce nouveau titre autorise l'accès au concours du meilleur chien de l'expo ! La fin de l'histoire - le chien et l'éleveur s'en tapent encore les cuisses de rire - ne peut être racontée qu'à des personnes de confiance dont la discrétion nous est connue. Comment expliquer que l'on peut gagner une coupe supplémentaire pour avoir simplement embrassé l'organisatrice de la journée ? Impossible...
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16 mars 2002
Montmorency, Rush
"Lorsque Montmorency renconte un chat, toute la rue doit le savoir ; et il se gaspille en dix secondes plus de gros mots que n'en dépense, sa vie durant, un homme qui se respecte, s'il les emploie convenablement... Les fox-terriers sont nés avec une dose de péché originel au moins quatre fois plus grande que celle des autres chiens, et il faudra maintes années de patients efforts de notre part, à nous chrétiens, pour amener une réforme appréciable dans l'humeur batailleuse des fox-terriers"
Jerome K. Jerome Trois hommes dans un bateau (chap. XI)
Rush n'est pas un fox-terrier ; il est, c'est bien pire, un schnauzer et, circonstance aggravante, un schnauzer nain. Parfaitement sociable avec les humains dont il sait devoir attendre nourriture, caresses et autres choses finalement utiles, il adopte à l'égard de ses congénères une attitude moins déférente et, pour tout dire, carrément idiote. Son sens aigu de la hiérarchie face aux humains, Rush l'applique également dans ses relations avec les gents canine et féline mais à l'envers. Il perd là le sens des réalités et et son comportement se résume en deux principes simples : «Les chats sont des jouets amusants» et «les autres chiens sont des sujets qui, curieusement, ne comprennent pas toujours assez vite que je suis le boss du quartier». Lors de ses sorties, Rush traîne péniblement au bout de sa laisse un humain. Ce n'est drôle ni pour le chien qui tire un boulet ni pour l'humain qui constate que, depuis qu'il a un chien, les relations de voisinage sont «différentes».
Certains ont un regard suspicieux pour ce voyou de schnauzer qui en viendrait à attaquer de respectables chiennes suivant docilement leur maîtresse : Rush n'en a cure et tente de relever consciencieusement les compteurs... D'autres s'efforcent de nouer un dialogue fructueux : Rush n'en voit pas clairement l'intérêt et, désireux de mettre en oeuvre sa logique binaire dominant-dominé, tente de s'expliquer sans ambages avec son vassal putatif. Bref, Rush est un chien sympa dont il va falloir songer sérieusement à dresser le maître
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